La poussière me prend la gorge

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La poussière me prend la gorge

La poussière me prend à la gorge. Le soleil tape plus fort qu’un Guardiola grande époque. Devant moi, une trentaine de vaches frappées du A encerclé et couronné, engoulissent le premier corral et s’arrêtent devant la porte du second.On est là tous les trois. Javi, Chico et moi, à pied. On leurs cour après. Les pousses vers les chiqueros ou trois d’entre elles vont être choisies pour la tienta de midi. « Habla le !!! » me hurle Javi.

Première leçon de vie au campo. Ici, l’outil principal du vacher c’est la voix, ses cordes vocales. On crie, on hurle, bref ; on gueule comme des vachers. Les bêtes fuient devant nous. A l’aide de caillasses et de bâtons récoltés en route, le troupeau est guidé, poussé vers le haut du corral. Une porte battante joue les écluses et interdit les retours. Les bêtes ralentissent devant l’ouverture. On gueule de plus belle. S’approche plus près, à quelques mètres. On les charge…. Elles fuient, et accélèrent en passant l’obstacle invisible. Quelques-unes sautent une ombre. Troisième corral. Il ne faut pas les laisser réfléchir. On les serre de plus près, crie toujours plus fort. La deuxième porte se referme. Trente bêtes se regroupent au milieu d’un corral de 40 m2 au sol de terre. Elles forment un tourbillon au milieu de ce qui pourrait être un patio. Les chiqueros sont devant, deux portes ouvertes les attendent. Fabrice, juché sur les murs praticables joue des portes. Ouvre, ferme. Pour leur montrer le chemin. Faire aspiration. Il aspire et on pousse. Au bout de cinq minutes de hurlements, de battements de portes métalliques et de bruits de sabots, le moulon de vaches emprunte la porte gauche et, pénètre dans le labyrinthe des chiqueros. Trois clos, trois torils et un accès au couloir de contention. Soit 10 portes coulissantes comme autant d’aiguillages pour le train de sabots et de cornes.On monte rejoindre le mayoral pour l’aider à la manœuvre. Il regarde son carnet, observe les bêtes et annonce. « La 17, la 57 et la 44 ». Javi et Chico savent quoi faire, moi je suis les ordres. Ouvre ! J’ouvre une porte. Ferme ! Je ferme ; attend !j’attends….. Les vaches passent, ou pas. Sont refoulée par une porte fermée sous leur museau ou poussée par la garrocha volontaire de Chico. Dans un clos les sélectionnées, dans un autre les non retenues et au milieu la zone de trie. En dix minutes l’affaire est pliée. Chaque vache est placée dans un toril. Les autres retournent dans le grand corral couler des jours heureux en attendant leur jour de Tienta. Et la sentence. Dix pour cent d’entre elles se verront validées. Les autres iront garnir les étals. Telle est la loi du campo bravo.

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